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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/103

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M. de Bernis la reçut assis dans un fauteuil. Il tendit les mains vers elle avec le geste de Dieu qui reçoit une âme élue. En écartant les bras, il découvrit la belle croix du Saint-Esprit qui scintillait sur sa poitrine. Raton s’y précipita, fascinée par le Signe du Divin Maître. Aussi bien, elle ne savait que dire ni quelle contenance avoir. Elle appuya ses lèvres sur la Croix semée de perles et de brillants, pendant que les bras de Monseigneur se refermaient sur elle en la pressant mollement.

— Mon enfant, dit M. de Bernis qui détacha le petit bonnet de Raton et la prit sur ses genoux, je suis ravi de te revoir. Ton maître m’a parlé de toi. Tu veux donc entrer au Carmel ? Mais sais-tu que la règle en est sévère, et que tu devras t’y conformer dès le jour où tu auras prononcé tes vœux ? Vraiment, tu as bien réfléchi ; tu ne crains pas de te repentir un jour ?

Elle fit signe que non, passa ses bras autour du cou de M. de Bernis et mit la tête sur son épaule. Elle éprouvait un sentiment d’une douceur infinie, un abandon qu’elle n’avait connu qu’à l’église, et quand la main de Monseigneur atteignit l’objet de sa convoitise, elle crut se retrouver dans la lumière pénétrante que répandait son Divin Maître lorsqu’il s’était substitué au portrait de M. le Duc. Les baisers que Monseigneur