Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. de Bernis en eût assourdi la résonance en s’écrasant sur le couvercle.

Ils restèrent à rêver sans rien dire devant la miniature de la religieuse. M. de Bernis évoquait le temps qu’il avait passé à Venise et qui n’était déjà plus celui de sa jeunesse. Raton se plaisait à imaginer Monseigneur dans la pourpre cardinalice et versant sa voix caressante dans le sein des belles nonnes de San Giacomo di Galicia.

— À quoi songes-tu, Raton ? fit Monseigneur pour chasser les regrets.

— Monseigneur, répondit Raton, je voudrais vous entendre parler du haut d’une chaire et revêtu de vos beaux habits.

— J’aime à croire qu’en même temps tu penses à mettre ta chemise mon enfant. Diable ! je n’ai pas lu la lettre que tu as apportée. Mais je sais à peu près ce qu’elle contient.

Pendant que Raton passait ses vêtements sans quitter des yeux Monseigneur, celui-ci prit place à son bureau et décacheta le pli de M. le Duc. Il disait :

« Bernis, je t’envoie Raton. Donne-lui ce que tu voudras pour son salut. Je crois que tu aideras aussi au rachat de ton âme, car il ne me paraît pas certain que l’ébauche de ta Religion Vengée y suffise… »