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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/118

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de vingt-cinq mille louis que je fis au jeu ces temps derniers, je n’aurais pas tant de complaisance. Ah, foutre ! un usurier, un escogriffe, un maranne !…

M. le Duc alla se contempler dans une glace et se vit plus bilieux que de coutume.

— Poitou ! cria-t-il, Poitou !

— Me voici ! fit Poitou, qui sembla sortir de terre. Monsieur le Duc m’appelle ?

— Où étais-tu, faquin ? reprit M. le Duc qu’étonnait tant de célérité. Tu écoutes aux portes, que je crois ? Je vais te souffleter d’importance ! Tiens, triple maraud !… Ah ! que n’ai-je ma canne pour t’en frotter les épaules !

— Monsieur le Duc me bat si je tarde, et Monsieur le Duc me bat si je m’empresse, dit Poitou, en essuyant un soufflet. Mais que Monsieur le Duc commande : je suis au service de Monsieur le Duc.

— Prends encore celui-ci pour la réplique ! dit M. le Duc. Cette fille doit rapporter de M. Peixotte une reconnaissance de sa main. Tu la feras conduire. Je t’y aurais envoyé toi-même si tu ne comprenais toujours de travers et ne me revenais de tes courses plus ivre de ratafia que tous les États de Bretagne le jour du pardon de Saint-Corentin !

M. le Duc sortit en pestant.

— Je te repasserais bien cela, Jarni ! fit Poitou en