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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/132

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reprit Peixotte quand il eut à peu près repris ses sens. Tu me paraissais bête à fouetter, et je ne l’ai pas fait sans plaisir, je le jure ! Enlève-moi cette robe ridicule qu’il devrait être interdit de porter dans un État civilisé. Et puis, tiens, continua-t-il en se relevant et en arrachant le crucifix de cuivre et d’ébène que portait Raton sur sa poitrine, écrasons l’Inf…

— Arrêtez, arrêtez, Monsieur Peixotte ! hurla Raton en se précipitant par terre pour couvrir le crucifix de son corps. Vous me piétinerez plutôt ! Arrêtez, ou j’appelle à l’aide !

Le financier haussa les épaules et passa dans une autre pièce pour revêtir ce qui manquait à son costume.

Raton baigna de ses larmes son Divin Maître. Elle commençait une oraison quand elle songea qu’elle devait le dérober à la fureur sacrilège de M. Peixotte. Elle remit donc en hâte un de ses bas et passa le crucifix dans sa jarretière. Puis elle enleva la robe de carmélite et reprit ses habits. Quand elle fut vêtue, l’envie lui vint de partir sans se rappeler à son hôte. Elle le croyait si fâché qu’elle pensait qu’il ne lui donnerait rien et qu’il la chasserait peut-être. Au cas contraire, pourrait-elle accepter l’argent d’un pareil blasphémateur ? Les trente deniers d’Iscariote ne lui auraient pas brûlé les mains davantage.