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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/134

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pas une fine mouche, il éprouvait une grande perplexité à lui faire connaître quelqu’une de ses propositions obligeantes, de peur d’être pris au mot. M. Peixotte, souvent inquiété pour ses débauches, payait les exempts, les mouchards et les aventuriers des deux sexes des sommes importantes que lui reprochait son avarice quand il avait conquis la sécurité. Le seul combat qui se livrât en lui n’était jamais celui de la conscience et des appétits, mais bien de la lésine et de la dépravation. Allait-il offrir à cette soubrette de lui payer la dot qu’elle voulait acquérir ? Mais ce pieux et incroyable prétexte cachait peut-être la cupidité d’une gourgandine ? En ce cas, trouverait-elle le sacrifice suffisant ? Il se voyait déjà acculé à lui bâtir une folie. D’autre part, si elle était sincère, elle se contenterait de peu. Pourtant, il pourrait lui échapper que Peixotte l’avait flagellée sous l’habit d’une religieuse et qu’il s’en était fallu de rien qu’il ne profanât le Signe du Sauveur. L’avoir jeté par terre suffirait peut-être à le conduire au bûcher. D’Aiguillon n’en serait pas fâché, sur qui il possédait une créance de vingt-cinq mille louis. Le silence de Raton, qui ne parlait guère que toute seule quand elle était inspirée, lui semblait plein de calculs adroits et perfides.

— Voyons, mon enfant, dit-il, en lui pressant les mains avec effusion, tu m’en veux toujours beaucoup ?