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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/153

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L’abbé Lapin ne tenait pas à la composition rigoureuse de son discours. À vrai dire, ayant terminé l’exorde, il ne songeait qu’à s’en aller. Toutefois, pour justifier sa démarche, et surtout dans l’espoir d’un geste charitable, il traça des vieux comédiens dans la misère et le repentir un tableau qu’il crut rendre pathétique parce qu’il s’y peignait lui-même, mais en omettant des ombres funestes.

— L’abbé, fit Mme la Duchesse, tandis que l’orateur toussait d’essoufflement et de modestie dans le fond de son chapeau, je suis extrêmement intéressée par tant d’infortune, et je vous félicite de la faire si bien valoir, si j’ose dire. Veuillez accepter cinquante livres, me compter parmi vos dames patronnesses et ne m’oublier pas dans votre retraite, quand ces Messieurs et ces Demoiselles s’apercevront qu’il est un Dieu.

L’abbé fit un profond salut, prit les cinquante livres qu’on lui tendait, et sortit à reculons, avec autant de révérences que de pas.

— Voilà un bien sinistre quidam ! fit le Chevalier qui s’avança dans le boudoir. J’eusse été le maître de maison que les porteurs d’eau auraient entendu son discours dès le commencement, car la fenêtre est assez large pour la mesure d’un foutaquin de prestolet !

— Vous pourriez du moins l’ouvrir pour moi sans