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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/152

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par-dessus le rebord de son tricorne, et les pans de son manteau flottaient comme des ailes de chauve-souris. Le Carmel planait toujours dans son nuage d’or.

Raton toussa légèrement. L’abbé Lapin leva la tête. Alors, elle lui fit signe que oui, en lui montrant le billet qu’elle cacha dans sa gorge. L’abbé daigna sourire affreusement, et elle eut envie, pour manifester sa joie, de chanter l’air de M. le Chevalier :

Robin a une vache
Qui danse sur la glace.

Enfin Mme la Duchesse daigna paraître. L’abbé Lapin lui fit une profonde inclination qui révélait à la fois le pauvre diable et le curé de campagne. Puis il s’engagea dans un préambule amphigourique qui sentait le régent de collège. Mme la Duchesse s’était assise sans prier l’abbé d’en faire autant. Elle témoignait sa gêne et son impatience par des signes certains.

« Monsieur, pensait-elle, on n’arrache pas une femme de qualité des bras de son amant pour lui donner le spectacle d’un vieillard édenté qui fleure le barbet des jours de pluie, et l’on ne lui débite pas de pompeuses impertinences, après les tendresses d’un galant homme !… »