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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/181

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guirlandes de roses. Elle se crut à jamais captive de leurs chaînes de fleurs et se prit à regretter sa démarche.

— Lapin ! l’abbé Lapin !… s’écria l’essaim des danseuses en fondant sur le couple. Lapin, joue-nous de la guitare !… Lapin, chante-nous ta chanson !… Oh ! la belle, la chérie, la mignonne que voilà !…

— Silence, écartez-vous ! fit la Gourdan, qui frappa dans ses mains avec autorité. La première qui me manque sera pendant huit jours au service des vieux !

— Raton, dit l’abbé en lui prenant la main, voici Mme Gourdan à qui l’on a parlé de toi et qui veut bien te compter parmi ses filles !

Raton préparait une révérence, mais la Gourdan, la couvrant de son écharpe pailletée, l’attira doucement. Elle s’en saisit comme un chasseur s’empare d’une oiselle prise à la pantière. Raton se trouva assise sur les genoux de l’hôtesse qui déjà la cajolait.

— Tout me semble bien joli, bien propre, fit-elle en écartant le mouchoir de gorge de Raton. Aussi n’aurons-nous pas besoin de passer à la piscine, sinon pour le plaisir. Oh ! mais c’est que je pense à tout et furette partout moi, comme une mère, une mère-abbesse, puisque c’est ainsi qu’on me nomme. À vrai dire, on n’en fait pas autant au Carmel. Ah, fi !… Dis donc, l’Abbé, j’en ai oublié de te donner le bonjour… Elle a l’air un peu