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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/182

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égaré, notre Carmélite… Aurais-tu peur, ma chérie ?… Tiens, continua-t-elle en comptant ses filles du doigt, voici tes sœurs qui t’admirent en silence et se proposent de te bien caresser quand je t’aurai rendu la liberté. Ce sont la Façonnée, l’Artificielle, la Niaise, l’Alerte, l’Éveillée, l’Achalandée, l’Émerillonnée, l’Éventée, la Superbe, la Follette, la Fringante, l’Attisée, la Pimpante, la Mignonne, la Grasse, la Pâle, la Tendre, la Maigre, la Mutine et la Boiteuse. Ouf !… Ainsi donc, ma petite Raton, je te débaptise et rebaptise selon l’usage : tu seras la Sainte.

— Cela fait à présent sept de plus que n’en avait ta commère la Justine Pâris en son Hôtel du Roule, et tu pourrais introduire une variante arithmétique dans ce vers de Virgile que l’on voyait en lettres d’or au-dessus de sa porte :

Sunt mihi bis septem praestanti corpore nymphae.
« Je possède deux fois sept nymphes aux corps admirables. »

« Mais pardon, Mère ! reprit à mi-voix l’abbé, qui prit un siège et s’assit vis-à-vis la Gourdan, le dos tourné au groupe chuchotant des demoiselles. Pardon, Mère ! qu’il ne soit pas trop question de Sainte. Qu’on la traite comme les autres ! Je veux dire, surtout, que tu ne t’avises pas de la revêtir de la robe carmélite pour la