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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/188

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volonté ni contre la tienne. Et de quelle dérision s’agit-il ? Vois-tu rire autour de nous ? Si je laissais faire mes filles, elles se précipiteraient sur Raton pour l’embrasser et la retenir parmi elles. N’est-il pas vrai, mes chéries ?

— Oh oui, oui, s’écrièrent-elles toutes à la fois.

Et, sur un signe de la Gourdan, les vingt Sylphides entourèrent Raton. Elles se bousculèrent à l’envi pour la serrer contre leur cœur. Ce n’était plus que des « chérie », des « Ratonnet », des « Ratoutounne » et autres noms inventés qui suppléent ordinairement à l’indigence de l’expression quand le cœur est plus riche que le vocabulaire ou la pensée.

— Écoute, Mère, dit l’abbé, qui s’était apaisé et forçait la Gourdan de s’asseoir pendant que Raton et ses compagnes prenaient siège par terre et se témoignaient mille tendresses, je te la laisse si tu ne dois pas trafiquer de l’amour de Dieu. Ne l’appelle plus la Sainte, mais la Belle. D’ailleurs, Dieu n’a-t-il pas voulu qu’elle fût belle en premier pour devenir sainte ? Ne l’habille pas autrement que ses sœurs, qui montrent généreusement leur gorge, leurs bras et leurs jambes. Et puis, après l’aventure de Peixotte avec la religieuse bordelaise, il serait dangereux pour toi de renouveler cette mauvaise histoire.

— Je ne la connais pas, dit la Gourdan. Conte-nous