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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/191

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— Dix louis pour chacun, si vous pouvez m’obtenir un rendez-vous, et cinq cents louis pour la nonnain !

Les porteurs ayant déposé le banquier où le menaient en premier ses affaires n’ont rien de plus pressé que de se rendre au cabaret afin de retirer quelque heureuse inspiration de leur paraguante, car le vin rend ingénieux si l’on ne dépasse la mesure ; autrement, les dieux jaloux vous couvrent l’esprit d’un voile et vous enlèvent jusqu’au souvenir.

Nos deux faquins commençaient à désespérer de la vertu de la grappe quand l’un d’eux songe qu’il connaît, dans le quartier Saint-Surin, réservé à la galanterie, une jolie coquine, nommée la Vatinelle, qui possède avec Sœur Rose quelques traits communs de physionomie, et qu’un navigateur ramène d’Oporto, où elle a fait, six mois durant, les délices des équipages et des tavernes. Le sieur Peixotte n’a vu la religieuse qu’un instant : il ne manquera de s’y faire prendre. Et les deux galefretiers de lamper de plus belle pour arroser cette bonne idée qui s’épanouit en eux-mêmes, qui les remplit de la joie des fêtes carillonnées. Puis ils se rendent chez la friponne.

— Moi, fait la Vatinelle, qui incarne déjà son héroïne, moi coucher pour cinq cents louis avec un de ces misérables qui ont crucifié Notre-Seigneur ? Vous repasserez, mes petits pères, quand vous aurez vent d’une