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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/192

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fantaisie moins sacrilège… Hé quoi ! reprit-elle, en riant de la déconvenue de nos finauds, violer mes vœux, demeurer honteuse et sans ressource si le scandale est découvert et me fait rompre avec mon état ?

— Excellente raison à mettre dans la bouche de Sœur Rose ! disent les porteurs. Notre maître s’y rendra certainement, car il est très épris.

Ils conviennent de mille louis, sur lesquels reviendra quelque chose aux deux entremetteurs. Ceux-ci reprennent leur galop jusque chez le financier. Tout haletants, ils le font souscrire aux nouvelles conditions, en l’alléchant par les scrupules et la perplexité de la religieuse.

La Vatinelle s’était procuré un habit de la communauté par un artifice moins facile à découvrir que la composition astringente qui lui redonna une virginité éphémère. Ainsi atournée, contrefaite et sophistiquée, elle se rend donc de nuit chez le sieur Peixotte, portée par nos faquins aussi glorieux que des Suisses et marchant au pas de parade.

Non seulement le pauvre abusé reconnaît sa charmante nonne, mais encore il lui découvre plus d’attraits qu’il n’en avait aperçu. Brûlé des flammes qu’ils attisent, en un rien de temps il triomphe de la fausse pucelle pour s’entendre soupirer qu’il vient de révéler des délices inconnues, et qu’à l’avenir la cupidité cédera devant elles.