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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/268

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tu parles, et qui ne tend à rien de moins qu’à confier à l’État le gouvernement et la surveillance de ta maison. Je connais fort bien M. Nicolas, que l’on surnomme le Rousseau du ruisseau des Halles. On le voit rôder de nuit dans le Palais-Royal, le visage à demi caché sous le pan d’un manteau à collet, et le chapeau rabattu sur ses yeux de hibou. Inutile d’ajouter que ce spectateur nocturne est de la police…

— Tais-toi, Lapin ! répliqua la Mère avec humeur. N’en sommes-nous pas tous, comme tu le disais l’autre soir ? Tu crains peut-être qu’il ne vienne s’informer de certain éventail… Allons, Raton, es-tu prête, mon enfant ?…

Assis sur le sopha du boudoir, M. Nicolas attendait en griffonnant un cahier de papier sale sur ses genoux. Il y mettait une célérité prodigieuse, ne s’arrêtant d’écrire que pour tremper sa plume dans l’écritoire de corne qui lui pendait sur l’estomac au bout d’un cordon de cuir tressé, ou essuyer sous son bras cette plume infatigable avec la rapidité d’un magot qui se gratte. Dans cette occupation, on l’eût pris pour un greffier si son habit de gros bergopzoom vert à glands et à brandebourgs ne lui eût donné l’air d’un cocher de bonne maison. Lorsqu’il releva la tête, il montra un visage