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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/28

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« Monsieur le Duc, est-ce qu’il faut deux r à f… ? » M. le Duc répondit : « Le mot en vaudrait bien la peine, mais l’usage est de n’y en mettre qu’un. »

« Des ivrognes, des coureurs !… Enfin ! on sait ce que l’on sait… Mais Dieu garde M. le Duc !… Et puis l’amour qui est permis aux uns le doit être aux autres, pas vrai, Mademoiselle Raton ?… Allons, ça viendra avec le temps. Les tétons sont bien venus… Quel joli nom que Raton ! C’est le nom que j’aurais trouvé, Jarni ! Qui a donné ce nom-là ? Un promis ?… Un galant ?… Entre nous, c’est M. le Chevalier de Balleroy qui nous traite de coureurs ? Il nous la baille belle !… Ah ! la petite friponne !…

— Laissez-moi, Monsieur Poitou ! disait Raton. Nous ne sommes point faite à ces manières. Que penserait de moi Mme la Duchesse si quelqu’un de sa connaissance vous voyait me manier sur la route ? Et puis, à votre âge, vous ne pouvez songer à m’épouser ? D’ailleurs je ne me marierai jamais, Monsieur Poitou. Je vous demande bien pardon si je vous cause de la peine. Ce ne sera ni vous ni personne.

— Je n’ai pas encore parlé d’épouser, Mademoiselle Raton. Jarni ! vous allez plus vite que nous !… Mais il ne faut pas vous formaliser, ce sont les manières de Paris. Ici, l’on sait parler aux femmes. Ce n’est pas