Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dessein une confusion, car il fut bourreau de Paris, de même que son fils Froïla Pertinacissimus, dont le fils débita des tranches de veau. J’en saute pour arriver à Edwinus Restif-le-Têtu Ier, qui fut général et brigand comme de juste, lequel engendra Edgarus Restif II, qui fut comte de Metz. Et, de là, nous devenons fils de putains, saute-ruisseau, galopins, vagabonds, ministres et tire-laine, dont un fut pendu, ce que j’envisage sans honte ni répulsion, car c’est peu de compter un pendu par famille, comme l’a dit à peu près M. le Duc de La Feuillade. N’est-ce pas là, en effet, le meilleur témoignage d’une vertu foncière ?

— Quand je serai Carmélite, interrompit Raton, je prierai Dieu qu’il sauve mon grand-père le pendu. Mais arrêtez ! j’aimerais mieux que vous me parlassiez de ma mère et de vous-même…

— Tu ne veux donc pas entendre la Vie de mon Père, qui fut laboureur ? répliqua M. Nicolas. Heureux l’homme des champs ! il est insensible à l’attrait de la chaussure ; s’il poursuit quelque chose, c’est un lièvre et non pas un pied ravissant ! Mais toi, Carmélite ?… Sans doute, te croyant seule au monde, ma chère enfant, as-tu pensé te jeter dans les bras de Dieu, notre commun Père ? Je reconnais là, du reste, un penchant de notre famille, car mon frère Edme-Nicolas est curé de Courgis,