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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/282

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mon frère Thomas lui sert de vicaire, ma sœur Elisabeth est religieuse aux Bernardines de Crisenon, et je fus moi-même novice à l’Hôpital de Bicêtre, dans une association janséniste, sous le nom de Frère Augustin. C’est là que j’aimai Sœur Mélanie Mijot, enfant trouvée comme toi, Sœur Saint-Augustin, grosse maman libertine, fraîche et potelée, Sœur Rosalie Ferret, dite Chou-Chou, que sa mère avait prostituée, et Sœur Pinon, qui me pressait la tête entre ses cuisses. J’ajoute qu’à l’âge d’un an je fus mis sous la protection de l’Enfant-Jésus, et qu’à onze la lecture de la Vie des Saints me donna l’envie d’aller en Turquie pour être martyr. Parlerai-je de l’autel que j’élevai dans un joli vallon, et sur lequel je sacrifiai une alouette à Dieu ?

« Mais à présent, continua M. Nicolas, tu dois songer que je puis te protéger et t’établir. Tu ferais, par exemple, une jolie teinturière. À cet effet, j’achèterais un fonds ou je louerais une boutique. J’aurais enfin un foyer, en remplacement de celui que bouleversèrent ou détruisirent à deux reprises Henriette Kircher et Agnès Lebègue, mes épouses légitimes. Je travaillerais à mes ouvrages, dans l’arrière-boutique, levant les yeux de temps à autre pour contempler, à travers mes douces larmes de père, l’adorable Reine qui est déjà le baume de ma vie et sera la consolation de mes vieux ans avec