Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais là ne gisait pas tout son embarras. Troublé par le départ inopiné de Raton, il n’osait, lui non plus, s’informer d’un motif qu’elle ignorait elle-même et qu’il craignait trop bien de découvrir entre les deux ou trois qui s’offraient à sa longue expérience.

— Ange tutélaire, dit-il enfin sans se retourner et en imposant silence de la main aux deux pleureuses, dont l’une lamentait sur le lit, à plat ventre et les jambes écartées, Ange tutélaire, c’est toi qui me rapprochas de Dieu et me fis offrir, comme l’écrit le suave évêque de Genève, « à la Vierge sainte, ma chère Dame, un particulier respect, une révérence spéciale ». Par toi j’ai connu l’Amitié, la dilection incomparable, celle qui, selon l’Écriture, nous est une forte protection, j’ajoute, avec l’auteur de la Vie Dévote, un médicament d’immortalité ; celle, enfin, qui ne s’est rencontrée qu’entre Tobie et l’archange Raphaël, ou, plus humainement, entre l’apôtre Pierre et Pétronille, saint Paul et sainte Thècle, Ambroise et Monique, saint Grégoire de Nazianze et saint Basile, dont le premier a pu dire « que leur seul intérêt fut de cultiver la vertu et d’accommoder les desseins de leur existence aux espérances futures, sortant ainsi hors de la terre mortelle avant que d’y mourir. »

« Pourtant, je ne pleurerais pas une séparation, autant