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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/295

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— Elle est guérie, dit Raton, en prenant la grosse main que lui tendait galamment M. Rapenod pour l’aider à descendre. Mme la Duchesse est-elle chez elle ?

Foui, foui, dit M. Rapenod, quelque peu étonné que le fiacre partît sans réclamer sa course et en saluant Raton d’un air entendu. Mais chai fu une pien chôlie chambe, tarteufle !…

Insensible au compliment, Raton grimpa les escaliers, tremblant de rencontrer M. Poitou sur son chemin, et portant la main à l’endroit de la poche afin d’empêcher les pièces de tinter.

— Ah, Jarni !… fit la voix qu’elle redoutait d’entendre. Mais elle touchait déjà la porte de la garde-robe, et Poitou n’étreignit que du vent, malgré ses pas précipités.

Mme la Duchesse lisait une lettre dans un fauteuil.

— Quoi ! s’écria-t-elle en l’entendant marcher, quoi, c’est Raton !… J’attendais toujours de tes nouvelles, pensant que tu me ferais écrire. Enfin, tout est pour le mieux, puisque te voici. Et ta nourrice ?

— Elle est guérie, dit Raton, sans varier la réponse, car, à sa brièveté, il lui semblait qu’elle mentait moins, et elle appréhendait d’avoir à mentir davantage.

— Alors, dit Mme la Duchesse, tu viens reprendre ton service ? Je te remercie, ma petite Raton, de ta fidélité. Ah ! j’étais bien malheureuse avec mes sottes lingères