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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/322

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vous remercie de m’avoir conduite, et je vous salue bien !

— Ah mais ! ah mais ! s’écria M. Lubin en saisissant Raton à bras-le-corps comme elle allait secouer le marteau de porte, à mon tour de r’marquer que vous n’remplissez pas les conditions !…

Quelles conditions, Monsieur ? fit Raton.

— J’vous attends et vous r’conduis, pardienne ! dit M. Lubin. « J’vous salue bien », c’est un adieu !… Sauf vot’ respect, si vous n’me donnez pas les arrhes d’un baiser, je l’prends d’force !

— Lâchez-moi, retirez-vous, au Nom du Ciel ! soupira Raton en se débattant et en atteignant le marteau, qu’elle ébranla faiblement.

Mais M. Lubin eut le temps de passer un bras autour du cou de Raton et de lui appliquer un baiser, un baiser tel que ni M. Poitou ni personne ne lui en avait encore donné, un baiser liquide, un baiser bouillant d’amour et de jeunesse qui la fit chanceler malgré qu’elle en eût. Cependant, la porte s’ouvrit, M. Lubin dénoua son étreinte, et Raton se faufila en s’essuyant la bouche.

M. Lubin agita la main pour une ombre, tandis que la porte se refermait avec un bruit lugubre. L’aimable coquebin resta plus d’une heure à attendre celle qui ne reviendrait pas…