Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manque pas, à la récréation, de rappeler le fait mémorable que je viens de vous narrer, ma chère enfant. L’on dit : « Ces ciseaux, ou ce panier, ou cette sandale sont allés retrouver le petit Jésus de la Mère Anne-Thérèse !… » Mais riez donc, Raton, mon enfant !… Pourquoi ne riez-vous pas ? Il est bon de rire quelquefois aux plaisanteries permises. Ah ! l’on voit encore trop bien que vous venez de la vie !…

Marie-Sophie de Sainte-Anne lui avait enseigné la méthode d’oraison en trois parties, et celle de la contemplation qui demande le concours des cinq sens, tandis que la méditation n’utilise que les trois puissances de l’âme : la mémoire, l’entendement et la volonté.

— Par exemple, avait dit la Sous-Prieure, qui ne brillait pas de tous les dons du Divin Dante Alighieri, vous devez vous représenter l’Enfer : Contemplation. Eh bien, vous voyez Satan enchaîné à son trône, et couronné d’une ramure de cerf. Les diables font bouillir les damnés dans de grandes marmites pleines de poix. Les uns attisent le feu au moyen de tisonniers et de soufflets démesurés, les autres renfoncent sans pitié les horribles pécheurs avec des tridents et des fourches. Il en est qui sont rôtis à la broche comme des volailles. Vous entendez les hurlements, et les prodigieux grincements de dents, et les jurements et les blasphèmes, et