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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/341

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fragrances litigieuses le règne d’une odeur fade, et que l’on peut dire obscure, participant de l’escarpin mouillé, du rat et de la suie.

— Raton ! murmurait la bonne nourrice qui se raccrochait à elle, Raton, est-il possible ?… Je ne te reverrai donc plus ! Ah, cruelle, cruelle enfant !…

Mais la claquette de Marie-Sophie de Sainte-Anne avertit Raton de rejoindre sa place.

Alors, Monseigneur, qui s’était laissé vêtir comme une coquette, commença de bénir l’habit :

Adjutorium nostrum in nomine Domini

Puis la messe solennelle commença, après quelques oraisons.

Raton ne se pouvait défendre d’admirer la majesté de Monseigneur, et surtout ses belles mains qu’elle avait tant baisées naguère quand elle souhaitait de les voir officier et planer sur les fidèles. Elles l’avaient élevée jusqu’au Ciel ; maintenant, elles lui en ouvraient les portes. Dans les gestes d’oraison, elles semblaient écarter des nuages et chasser les mauvais souvenirs. Mais elles les ramenaient plutôt avec une onctueuse perfidie. Ils se venaient poser sur elles, pareils aux colombes du charmeur.

Cependant, les moniales psalmodiaient derrière la grille, et Raton évoqua le couvent de San-Giacomo,