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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/342

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Maria-Magdalena Pasini et Catherina Campagna. Peut-être que cette image traversait le prélat lui-même ; peut-être mêlait-il Raton au souvenir de ses sœurs en amour et en Jésus-Christ. Elle songeait aussi à l’air de Pergolèse. Elle aurait désiré l’ouïr, et encore de figurer dans la tabatière d’or, vêtue de l’habit qu’elle allait prendre. Monseigneur pénétrait sans doute les pensées qui la troublaient, car il lui souriait comme à une complice. Quant à M. le Duc, il soufflait par le nez un petit rire intérieur, et Raton le devinait qui l’épiait en-dessous. Alors, elle baissa les yeux sur son livre pour y suivre la messe sans légèreté : Munda cor meum ac labia mea, omnipotens Deus, qui labia Isaiae Prophetae calculo mundasti ignitio…, lut-elle pendant que le diacre se préparait à faire bénir l’encens et commençait lui-même cette oraison à genoux. Monseigneur termina le repons In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, et elle se signa. Un grand calme entra dans son cœur par la vertu de ce signe. Elle entendit l’Évangile avec une piété sans mélange, et elle se crut désormais à l’abri de ce qu’elle pensait être des distractions involontaires.

Mais à peine elle se félicitait d’avoir enchaîné son esprit qu’éclata un Credo qui ne partait point du chœur des moniales, jusque-là seules à chanter. Il venait de la tribune où le sérail de la Gourdan s’était installé.