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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/349

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Raton franchit les quelques pas qui la séparaient encore du tombeau, baisa la croix qu’on lui tendait, et, durant que le chœur des religieuses entonnait l’hymne de Fortunat : O gloriosa Virginum, Sublimis inter sidera, le portail de fer à deux battants se referma sur elle, n’offrant au regard ni verrou ni serrure, mais seulement ces mots dorés : O Beata Solitudo !

— Ah, Jarni ! grogna Poitou, au milieu de la domesticité qui formait rang, elle aussi, pour son édification, qu’la louche du tollard me tape, que j’fauche le grand pré, ou qu’on m’mette en canelle plutôt que j’soy d’antiffe !…

— N’aie pas peur, répondit Grand-Jean : tu finiras comme tu l’souhaites, sur les galères de Sa Majesté, la fleur de lis à l’épaule, ou sur la roue d’M. d’Paris !…

Pendant que Raton se rendait dans la salle du Chapitre afin de répondre au questionnaire de Monseigneur, d’écouter son exhortation, de revêtir le froc et de sacrifier sa belle chevelure, la foule reprenait place dans la chapelle pour recevoir le dernier regard qu’il serait permis à la novice de jeter au monde.

M. le Duc, Mme la Duchesse et le Chevalier s’étaient postés devant la grille de clôture, sur des prie-Dieu réservés. Mais leurs amis avaient dû s’ouvrir un passage à travers les bigotes, les demoiselles du sérail et les gens