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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/351

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qui dominait tous les autres. Alors, Monseigneur s’avança et traça sur elle le signe de la croix. Raton eut un mouvement de recul : à la place de M. de Bernis, si doux, si tendre, si beau, si majestueux, elle venait de voir l’horrible M. Peixotte levant sa discipline. Puis, la Prieure, un peu surprise de ce geste, lui mit la ceinture, le scapulaire et le manteau, pendant que l’on récitait des oraisons pour chaque pièce du vêtement.

Mais quand Raton s’étendit pour une seconde fois, couverte d’un catafalque, les bras en croix et la face contre terre, que les religieuses, toujours voilées, psalmodièrent les Prières des Morts, après l’avoir une à une aspergée d’eau bénite, le sanglot qui n’avait pas ému Raton se fit plus déchirant, et il y eut un grand remous dans la nef. Une vieille femme désaffublée de son bonnet et qui montrait un front presque chauve, une vieille femme bousculant tout le monde arriva jusqu’à la grille dont elle tenta de secouer les barreaux.

— Mon enfant ! Ma p’tite Raton !… Rendez-moi mon enfant, voleuses !… Ah, ah ! voleuses !… cria-t-elle en meurtrissant son visage contre le fer.

— Bonne nourrice, disait l’abbé Lapin qui la tirait à bras-le-corps, il vous faut sortir avec moi !… Là, là, laissez ! point de bruit !…

Cependant, le Carmel insensible continuait ses