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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/363

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bêlements et tendant son museau rose comme pour solliciter un baiser. Raton sentait sa douce chaleur et elle s’étonnait qu’elle allât grandissant jusqu’à l’émouvoir d’un feu délicieux. Elle dut même s’asseoir pour ne pas défaillir de mollesse, et elle vit un cercle d’or en fusion se former au-dessus de la bête divine. Un parfum de myrrhe, issu de la bouche de l’agneau, dissipa, l’odeur de la moisissure et de la terre pourrie. Sur le linteau intérieur de la porte, une gracieuse colombe aux ailes frémissantes fit entendre des roucoulements enamourés.

— Bien-Aimé ! ô Bien-Aimé !… sanglota Raton, couvrant l’agneau de caresses et le serrant avec force contre son cœur de cire. Bien-Aimé, Vous ne m’abandonnez donc pas dans le mépris universel !… Ah ! comme Vous embrasez Votre épouse !… Demeurez, ô Bien-Aimé ! Votre brûlure me fait du mal et du bien, tant de mal et tant de bien que je ne sais lequel l’emporte sur l’autre !… Non, je ne regrette plus les rudesses et les outrages ! Je voudrais que ma pénitence durât toute la vie pour vous posséder en ce lieu ! Brûlez, ô brûlez encore…

Soupirant ces derniers mots, Raton, plus rouge que la pourpre, entr’ouvrit ses yeux languissants sur l’objet de son plaisir. Mais, de blanc, l’agneau était devenu noir. Sa taille grandit soudainement, son poids se fit