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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/365

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dirigea vers le puits pour y tirer de l’eau. Quand elle en sentit la fraîcheur, elle se trouva mieux et se prépara à retourner le gazon.

— Sœur Deodata, fit une voix, ce labeur semble dépasser vos forces ; vous y mettez trop de diligence. Notre Révérende-Mère nous autorise à vous engager de rentrer.

Raton eut un léger sursaut en entendant cette voix, et elle baissa les yeux devant trois sœurs zélatrices, Julie du Saint-Esprit, Gabrielle de Jésus et Marie de Sainte-Thérèse qui se tenaient devant elle, l’air inquisiteur, en dépit de leur feinte bienveillance. Elle craignit encore que ce ne fût un artifice du démon. Elle les suivit, cependant, après s’être signée du pouce sur la poitrine et avoir répondu Deo Gratias, le tout par mesure de conjuration contre un des fameux sept diables dont elle ne songeait pas à démêler s’il fût le diable Pourquoi, le diable Plus, le diable Moins, le diable Timide, le diable Discret ou Médecin, le diable Curieux, ou bien celui de la Vaine Gloire.

Raton ne comprit pas grand chose au changement de la Révérende-Mère à son égard, ignorant que les Sœurs zélatrices eussent épié ses attitudes si extraordinaires, et sur lesquelles Marie-Thérèse de Saint-Augustin leur avait recommandé le silence. Au lieu de laisser Raton