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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/368

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Mlle Macée, il est vrai moins parcimonieuse. Un signe de croix la fit disparaître.

Ce fut encore M. Poitou qui sortit de dessous le lit au moment où Raton passait une autre robe pour dormir. Il portait autour du cou la guitare de l’abbé Lapin ; saignant par une multitude de plaies remplies d’échardes, il contrefaisait la tête du Baptiste sur le plat de Salomé.

— Ah, Jarni ! Jarnidieu !… avait crié M. Poitou dans l’attitude du dieu des jardins chargeant les voleurs de laitues.

Raton fit comme pour la queue de rat, et la vision s’évanouit. Mais il en resta l’odeur et la fumée du bélier, et aussi quelques traces viriles sur le parquet, lesquelles, d’après les vieux mystagogues, engendrent des fantômes.

J’te fous mon luque, avait murmuré une bouche d’ombre, qu’jar’viendrai dans la boutanche du Havre, et que j’te rifaudr’ai l’proye, anquilleuse d’entonne !…

Une autre fois, ce fut le tour de M. Lubin. Il s’éleva du plancher à l’endroit de la semence de M. Poitou. Devant que Raton eût soufflé la lumière, M. Lubin lui avait appliqué un baiser étourdissant.

— Coucou !… Foi d’drapier, vous savez, moi, c’est pour le bon motif !… Faut vous dire que plus tard j’aurai du bien…

Et M. Lubin s’était évanoui sur un entrechat, dans une musique de vielle et de flûte de Pan qui