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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/367

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lumière, — elles ne sont que trop portées, par la nature craintive et soupçonneuse de leur sexe, d’apercevoir en toute chose un artifice de l’Enfer. Il est certain qu’il vous tente, mais il est non moins certain que Dieu vous recherche et vous aime. J’en ai pour preuve vos visions intellectuelles, qui sont l’état ordinaire de la sainteté. Elles restent à l’abri de toute interprétation diabolique, attendu que Satan ne peut agir sur nous que par l’intermédiaire des sens, et que le propre de ces visions est de ne rien avoir de sensible. Je vous parle ainsi, ma chère enfant, parce que je vous sais sans orgueil, marque apparente et incontestable des fausses révélations. Allez, soyez sans crainte, et dites-vous que la bienheureuse Marie Alacoque fut tentée deux fois, et par Jésus-Christ et par le Diable, que les tentations auxquelles l’on résiste n’excluent pas la faveur divine ; enfin, que le Ciel et l’Enfer, selon saint Grégoire, se rencontrent souvent dans une même âme.

Raton s’était sentie réconfortée par les paroles du bon prêtre, qu’elle entendait à travers un guichet pratiqué dans le mur du chœur. Elle imagina qu’il dût ressembler à l’abbé Lapin qu’elle ne verrait jamais plus.

Pourtant, peu de jours après, les tourments du Malin recommencèrent. En mangeant, elle avait trouvé une queue de rat dans son écuelle, comme au temps de