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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/370

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M. Rigaud, malgré cet état même de ravissement quasi perpétuel qui l’inondait d’une ineffable lumière, elle désespérait de jamais revoir l’image formelle du Bien-Aimé et d’en ressentir la touche divine. Son air égaré, son teint blême, son amaigrissement, son excessive nervosité irritaient Marie-Thérèse de Saint-Augustin qui ne pouvait supporter qu’on lui cachât quelque chose. Aussi la faisait-elle venir dans sa cellule plusieurs fois par jour, au grand mécontentement des religieuses. Celles-ci croyaient découvrir une préférence habilement dissimulée par le régime austère auquel leur Révérende-Mère feignait de soumettre Raton.

— Deodata, disait Marie-Thérèse, vous avez encore eu des visions aujourd’hui. Je le sens, je le devine, je le sais. Si ce n’est qu’une méprise de ma part, j’en serai désabusée quand vous m’aurez avoué ce qui vous est advenu dans l’ermitage du Golgotha… Rien ? Et votre frayeur, et vos ablutions, et vos tremblements, et votre pâleur mortelle ?…

Ou bien :

— Deodata, qu’aviez-vous donc au réfectoire à regarder dans le fond de votre écuelle ? Pourquoi ce sursaut ?… Plaît-il ?… Une araignée, dites-vous ?… Était-ce la raison de votre signe de croix ?… Vous auriez mieux fait de me répondre Rien, derechef. Ce serait moi la visionnaire !