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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/379

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Prieure avait rappelée modestement à l’ordre, n’osa reprendre l’exorcisme interrompu, mais elle toucha la joue de Raton avec des reliques de sainte Thérèse qu’elle portait sur elle. Raton ne bougea pas. Les religieuses entrèrent en prières pendant une demi-heure, ayant délaissé les Litanies des Saints. Après quoi les yeux et la bouche de Raton se fermèrent, ses traits se détendirent, sa tête se pencha ; elle montra, en outre, par de faibles gémissements, les signes d’un malaise anxieux.

— C’est le retour graduel, souffla la bonne Sophie de Sainte-Anne à l’oreille de la Prieure. Mais, sans doute, serait-il bien de l’emporter dans sa cellule, car le réveil ne sera peut-être qu’un intervalle. On a vu saint Phantin et la vénérable Mère Agnès de Jésus demeurer, l’un vingt jours, l’autre trois semaines…

— Oui, faites-la porter, répondit sèchement Marie-Thérèse, encore que l’on pourrait choisir des exemples moins singuliers… Vingt jours, trois semaines ! j’aurais donné généreusement quelques heures…

Les intervalles et les reprises durèrent quatre jours. Recroquevillée sur son lit, dans la posture où le ravissement l’avait surprise, Raton entremêlait les noms de Jésus, de Divin Maître, de Bien-Aimé et de Céleste Époux avec ceux de M. le Duc, de M. Poitou, de la Gourdan, de Nicole, de l’abbé Lapin, de M. de Sade et de quelques