Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/390

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sa cellule, mais dont on ne pouvait incessamment changer les draps qu’elle souillait de ses humeurs. Cependant, les religieuses, qui continuaient de l’assister par charité chrétienne, ne s’en trouvaient pas incommodées, car elle exhalait de plus en plus fort cette odeur de sainteté qui, déjà, avait tant fait rechercher son commerce rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur. Cette grâce durable et manifeste, plus que l’excès même de ses maux, finit par lui rallier les sympathies qu’elle avait perdues, et l’on compara son linge à celui de Marina Escobar, fondatrice de la Récollation de Sainte-Brigitte, dont il est dit qu’il flattait l’odorat comme un parterre de fleurs. Thérèse de Saint-Augustin, quoique troublée en sa conscience, ne se départait pas d’une attitude pleine de réserve, et elle n’osait accorder sans confession le Saint-Sacrement que Raton ne pouvait pas même réclamer par signes. Mais Raton, qui ne voyait rien du monde, vit deux anges de l’Ordre des Puissances descendre du Ciel et passer à travers les vitres sans les briser pour lui apporter la communion. Ainsi chaque jour. Ils la nourrirent d’Eucharistie durant plusieurs mois.

— Mère, dit une fois Sophie de Sainte-Anne à Marie-Thérèse de Saint-Augustin, il serait peut-être bon, et la Règle l’autorise, que la Sœur Raton reçût le voile noir des professes. Malgré sa longue patience et son