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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/391

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aphonie, elle laisse échapper des sortes de gémissements. De plus, sa figure se tire d’une telle façon qu’il se pourrait qu’elle fût au terme de ses épreuves. À ses mouvements de tête, à certains battements de ses paupières qui lui sont un langage, on se rend compte qu’elle entend encore : ce serait une joie pour elle, si l’on peut dire, au milieu de ses souffrances, que de concevoir son arrivée au Ciel dans l’habit qu’elle a rêvé.

La Prieure l’investit elle-même, avec l’assistance du Chapelain, de l’abbé Rigaud et des religieuses dont le nombre était trop grand pour qu’elles fussent toutes contenues dans la pièce. Il en resta dans le couloir ; leurs répons, leurs chants parvinrent à l’agonisante comme un écho céleste. M. le Chapelain parla de Job, M. Rigaud de sainte Liduine. Mais Raton ne les entendit pas, car, sitôt qu’elle eut le voile, la Bienheureuse Vierge Marie lui présenta son Divin Fils. Avec eux se trouvaient saint Jean l’Évangéliste, saint Paul, sainte Marie-Madeleine, sainte Marie l’Égyptienne, et un personnage couronné qui jouait d’un instrument quelque peu conforme à celui de l’abbé Lapin. Ce n’était autre que le roi David et son psaltérion. Derrière eux se pressaient des anges qui se ressemblaient comme des frères et se tenaient dans un impeccable alignement. Ils soufflaient en de longues trompettes obliques qu’ils dirigeaient toutes du même côté.