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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/395

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— Ne sont-ce donc pas, reprit Sophie de Sainte-Anne, qui se signa, et malgré la Prieure qui la tirait par la manche, ne sont-ce donc pas les stigmates de sainte Thérèse, de saint François d’Assise, et de tant d’autres bienheureux et bienheureuses ?… Là, ces marbrures, ce ne sont pas les traces de la Fustigation de Notre-Seigneur Jésus-Christ ? Et peut-on considérer comme une maladie guérissable par la faiblesse de nos ressources et de notre entendement aussi chétif que téméraire ce que notre sainte enfant a reçu par la Grâce divine, afin de soulager ces dix pécheurs dont vous parlez vous-même, Monsieur ? Cela s’appelle chez nous substitution mystique…

— Hein ? Quoi ?… fit Lorry en mettant brusquement son chapeau de travers, et en secouant Sophie de Sainte-Anne par les épaules. Qu’est-ce que vous me chantez là, folle, vieille folle ?… Substitution, stigmates, fustigation : connaissons pas !… Votre sainte enfant a la vérole, Madame !… La vé-ro-le por-tu-gaise !… En-ten-dez-vous, com-pre-nez-vous ?…

Et l’homme de l’art s’enfuit, renfonçant son chapeau à coups de poing, et grognant par les couloirs sonores.

— Prions pour les impies !… soupira Sophie de Sainte-Anne qui s’agenouilla devant la couche de Raton.

Mais, déjà, Thérèse de Saint-Augustin s’était retirée, avec une majestueuse noblesse.