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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/398

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incontinent. Chacune fit valoir à sa voisine la bonne odeur balsamique qui imprégnait le linge et surmontait les eaux de senteurs les plus vives.

Soudain, il y eut un cri au milieu du demi-silence fait de chuchotements et de pas mal étouffés, un cri tout ensemble de joie et de surprise. On s’empressa autour d’une demoiselle qui se relevait d’un long agenouillement, et dont l’on avait pu remarquer l’affliction particulière.

— Père Lapin, fit la même voix sans réduire son timbre, Père Lapin, je n’boite plus !… Mère, je n’boite plus, moi qui boitais d’puis seize ans… Quoi, vous l’savez bien, d’puis Rosbach… C’est un miracle qu’elle a fait, que je n’boite plus !… Un miracle, que j’vous dis !… Ah, Raton ! ma chérie, ma p’tite Ratonne !…

M. Rigaud sortit de l’ombre.

— Mademoiselle, dit-il à mi-voix, et l’entraînant un peu à l’écart, j’étais le confesseur de la religieuse décédée. Vous me pouvez jurer devant Dieu que vous boitiez et ne boitez plus ?…

— Pardi, fit Nicole, je l’jure !… Mais plutôt, regardez voir…

Et Nicole se mit à marcher aussi droit que la Superbe.

— C’est un fait, Monsieur ! dit le Père Capucin en faisant une révérence ecclésiastique. Je connais