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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/397

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de bure. Les premières n’étaient autres que la Gourdan et ses filles, auxquelles se mêlaient quelques-unes de leurs amies, la plupart de celles-là qui avaient assisté à la vêture. C’étaient la Rosière, dite Cul-Ouvert, Dunkerque-la-Bique, Toutou-l’Épagneule, Manon-Gogo, Tierce-la-Cavale, Beaujour-la-Boucaneuse, Aspasie Citron et Tonton-Minette. Une dizaine de marchandes de modes, de lingères, de grisettes et de couturières les accompagnaient pour la première fois, que la renommée de Raton avait rendues curieuses et incitait à la religion. Presque toutes tiraient de leur sein une gravure embellie par le pinceau, travail ingénu d’un novice, d’après l’Amour Mystique du Livre de la Gourdan. Elles s’ébahissaient de ce que le visage de la morte, rétabli dans son éclat et son intégrité, fût si semblable à l’estampe, sauf une narine qui semblait avoir été grignotée par une souris.

Mais l’être le plus singulier, bien que le moins inattendu parmi ces personnes assez extravagantes, était un Père Capucin à grosses lunettes fumées qui tantôt baisait les pieds nus de la morte à la place des stigmates, où rougissaient deux belles roses, et tantôt les essuyait d’un grand mouchoir à pois qu’il portait ensuite à son vieux nez de priseur en marquant le plus complet ravissement. Les demoiselles et les bigotes l’imitèrent