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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/40

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avec les trois cents mots de Jargon qu’il a moins appris aux armées que dans le Thésaurus de fausse-monnaie qu’est le poème de Granval, Cartouche ou le Vice Puni.

― Fi ! l’Iliade des laquais ! dit Mme la Duchesse.

— Et l’Odyssée. Mais n’allez pas le croire si légèrement bien, que Poitou s’y pervertisse, dit M. le Duc, qui ne perdait pas de vue Raton et cherchait à conserver sa présence en feignant l’oublier. Il y a là un savoir qui ne laisse pas d’être piquant. Pour moi, j’ose vous l’avouer, c’est le seul poème épique français qui se puisse lire, avec la Pipe Cassée. La Henriade me glace. La Pucelle… Mais, dis-moi, Raton, poursuivit M. le Duc, que le mot de Pucelle ramenait impétueusement à son véritable objet, quel est ton nom ?

— C’est Raton, Monsieur le Duc. Je n’en ai point d’autre.

— Cela est charmant, mais surtout singulier ! dit M. le Duc, qui parut vivement intéressé et changea de fesse sur son siège.

— C’est charmant tout court, mon bon ami, dit Mme la Duchesse. Épargnez les demandes et les raisons à cette enfant qui n’en peut mais. Raton, prépare la robe que je t’ai dite, tu m’aideras à la vêtir… Je voulais dire, mon bon ami, que le nom de Raton lui fut donné par sa nourrice, à cause de sa gentillesse. Si elle