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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/403

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retraite et les épreuves que tu souffris jusqu’à l’heure même de ta mort ! Oui, conserve-moi un cœur sans tache, ou plutôt, renouvelle en moi l’esprit de droiture. Et spiritum rectum innova in visceribus meis. Fais enfin que Dieu me rappelle quand j’aurai toutes mes fautes expiées dans la pénitence et la servitude. Comme tu le peux connaître, à présent que tu vois tout, que tu sais tout, en avant et en arrière : sommelier au Couvent de Bicêtre, je donne mes soins au vin des reclus et des malades. De plus, je sers volontairement les pauvres d’esprit, les fous, les gâteux et les vénériens, qui sont à peu près les mêmes que ceux que j’amusais naguère dans le siècle. Je trouve encore quelques loisirs pour toucher de l’orgue selon mon rêve, et louer ainsi la Vierge Marie avec les faibles talents que Dieu m’avait donnés pour en faire bon usage. Je te louerai pareillement, ô Fleur Mystique de la Neustrie Industrieuse, en une séquence qui je composerai sur les vieux modèles. Pour la musique, je m’inspirerai du célèbre Balbulus. Avec une maladresse opiniâtre, je dirai ta vie étonnante, naïve et persécutée : la naissance d’une ravenelle aimée du Ciel au pied de l’ormeau de Balleroy, et sa mort odoriférante en ce monastère de l’Annonciation où tu fus moins comprise et moins choyée que parmi les Pécheresses chez qui Notre-Seigneur entretient des