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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/404

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âmes puériles, dans le dessein d’en fleurir son Paradis. Que la verve satirique en ce besoin m’anime encore, pour opposer à la corolle du grand chemin l’orgueil épineux de la rose en son pourpris ! Mais quoi ? ton Bien-Aimé te revenge : celles-là qu’incommodaient ton élection et ta vertu te vont rendre un resplendissant hommage ! C’est, hélas ! la règle la plus commune que cette justice au pied tardif ! Quelqu’un l’a déjà dit, parlant du Poète assailli d’injures, de médisances, de jalousies et de calamités : «… Après qu’il est mort, chacun le pense un dieu ! »

— Père Lapin, fit la Gourdan en le poussant du coude, voilà que tu rêves tout haut et que tu déclames ! Il serait bien, d’ailleurs, que nous nous retirassions…

Le Père Lapin se leva en jetant un regard autour de lui, dans l’espoir de retrouver l’abbé Rigaud. Mais celui-ci avait disparu pour laisser place à des moniales au voile rabattu qui venaient veiller leur sœur. Alors, il bénit lentement le corps, fit une génuflexion et donna le signal du départ.

— Toi, Père Lapin, dit la Gourdan lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, si jamais tu fais des miracles, ce sera de changer l’eau en vin. En attendant, tu dois changer le vin en eau. Je ne voudrais pas de toi pour sommelier ! Mais viens toujours jusque chez ton ami