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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/43

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n’a point d’autre nom, c’est qu’elle fut trouvée avant qu’elle sût parler. Quant à moi, je ne lui en donnerai pas d’autre… Enfin, Monsieur, cette fille est à moi. Elle m’est doublement précieuse : elle m’est donnée par le Chevalier qui m’a relaté sa courte et touchante histoire dans une première lettre que vous n’avez pas… interceptée, si j’ose dire, ou simplement lue à distance, comme vous le faisiez tout à l’heure sans que j’eusse l’air de m’en apercevoir. Je dis donc que cette fille est à moi, qu’elle s’appelle Raton, que je l’appellerai Raton, et que tout le monde voudra bien se conformer à mon usage.

— Tout beau ! fit M. le Duc. Je ne songe le moins du monde à vous contrarier, ma bonne amie, et, pour mieux vous marquer ma déférence, je me retire à l’instant. L’on sait qu’une femme qui s’habille montre de l’humeur à qui ne prétend l’y aider, à moins que ce ne soit un petit abbé, un diseur de sornettes… Va, charmante Raton, va, ma fille, fais ton service, caresse bien ta maîtresse et ne t’oublie pas toi-même en répandant le parfum sur sa personne.

M. le Duc, après avoir baisé la main de sa femme, daigna tapoter les joues de la camériste et lui prendre le menton. Après quoi il se retira, moins soucieux qu’il n’était entré.

— Raton, tu as conquis M. le Duc, dit Mme la