Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne vit plus que le pied de sa maîtresse sur lequel posaient ses mains inoccupées.

— J’ai dormi, n’est-ce pas, ma fille ? soupira Mme la Duchesse. Je te remercie d’avoir respecté ce repos d’un instant.

Raton se remit à l’œuvre et se releva toute rouge d’avoir réduit le pied au servage. Sa maîtresse en frappa le parquet avec la vivacité d’un faon.

— Adieu ! fit-elle. Je ne déjeunerai pas, j’en suis priée ailleurs. On s’occupera de toi. Attends-moi en lisant la Bible de Royaumont. Tu trouveras aussi un carton de rubans. Tu mettras à part les rubans feu. Ce soir, à mon retour, tu les fixeras sur le domino que je choisirai.

Mme la Duchesse disparut. Il ne resta plus d’elle qu’un léger nuage de poudre. L’abbé de Voisenon ou M. de Boufflers eussent évoqué quelque déesse de l’Olympe, dans le plus noble et le plus ancien patois du monde. Mais Raton, qui n’en savait pas tant, s’étonna qu’une grosse femme aux pieds enflés pût soudain glisser comme une ombre, vers les plaisirs qu’elle venait de condamner.