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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/62

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Dites-donc, vous n’allez pas vous manger l’nez pour elle ?… Ma parole, i’sont là tous les trois comme des mâtins après une lice. Je n’sommes pu ren qu’du fiens et d’là crotte !…

— Paix-là ! paix-là, mauvaise ! dit Petit-Louis.

— Laissez-la donc, reprit Macée. Je l’savais bien qu’c’était une mouche. J’suis bien tranquille qu’elle va tout raconter !… Et d’abord, faut qu’je r’trouve la lettre du Grand-Jean…

— Ouais !… fit Poitou. Pour raconter nous verrons ça… Mais j’apprends que Grand-Jean fait ses coups en sourdine. Monsieur écrit des lettres, Monsieur les donne à porter ?

— Et Monsieur n’a pas de comptes à te rendre, dit Grand-Jean, les dents serrées. Tâche de te mêler de tes affaires et de filer doux, sans quoi…

Tous deux s’affrontèrent, la perruque de M. le Duc touchant le bonnet de M. Purgon. Agités de soubresauts prophétiques, la canne et la seringue présageaient en l’air une lutte imminente, quand Macée accourut de la garde-robe sur la pointe du pied :

— Chut !… Je crois qu’j’entends des pas dans le p’tit escayer… P’têt ben qu’on nous cerche. Aussi, vous faites un bruit !… Filons par l’aut’côté !… Chacun pour soi !…