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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/80

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Sans doute aurait-elle pu choisir un ordre qui subvînt à ses besoins par le travail ou la bienfaisance. Mais là encore Raton évoqua Marthe et Marie. Elle était cette Marie qui écoutait aux pieds du Christ sa sainte parole, pendant que Marthe s’occupait à préparer le manger. Selon saint Luc, elle avait choisi la meilleure part, et cette part ne lui serait pas ôtée, car le trouble et l’empressement qui accompagnent le travail et les bonnes œuvres nuisent à l’union du cœur avec Dieu. Ainsi concluait M. de Royaumont, à la fin de la Figure XXXVIII, à laquelle Raton s’était péniblement reportée.

Cependant, toutes ces bonnes raisons ne faisaient pas qu’il ne lui fallût trouver cinq mille livres. Qui se souciait de donner cinq mille livres à Raton ? « Les meilleures églises, lui aurait-on répondu, toujours avec M. de Royaumont, ne sont pas les temples bâtis de pierres, mais les âmes de ceux qui servent le Fils de Dieu, et dont il fait non seulement des temples, mais des cieux et des royaumes vivants. »

Raton sentait s’évanouir ses projets et sa bonne volonté. Mais, comme elle levait les yeux vers le lit de sa maîtresse, le Divin Maître lui apparut encore une fois. Il occupait l’espace entre le lit et le baldaquin. Environné d’un nuage éblouissant, le Carmel flottait au-dessus de l’hôtel de M. le Duc. Les Amours de bois