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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/81

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doré qui s’ébattaient sur l’édifice conjugal paraissaient au travers de la fumée et formaient une troupe d’angelots titubants d’allégresse. Elle contemplait sa vision la bouche ouverte. Une vive rougeur colorait ses traits, ses beaux seins se soulevaient en sortant à demi du corsage.

— Raton ! murmura une voix qui lui parut venir du Ciel, Raton, charmante petite Raton !…

Deux mains brûlantes lui saisirent la gorge et la dénudèrent, de quoi elle ressentit un grand frisson. En même temps, la bouche qui soupirait ces mots se posa sur sa nuque. Il lui parut qu’elle aspirât le sang de son corps.

— Divin Maître !… fit Raton, fermant les yeux.

— Oui, reprit la voix haletante, oui, c’est ton maître qui t’adore !…

Le maître, qui n’était pas celui qu’espérait Raton, la ravit de sa chaise d’un bras vigoureux et la jeta sur le lit de sa maîtresse. Là, elle rouvrit les paupières et vit contre les siens deux yeux blancs qui roulaient sous un front jaune.

— Monsieur le Duc ! Oh ! Monsieur le Duc !… cria Raton.

M. le Duc ne daignait plus rien entendre. Il rudoyait Raton en poussant de petits grognements. Son nez cornait la tempête. Malgré ses efforts, il n’arrivait