Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Voilà que tu te moques, à présent ! En religion ?…

— Au couvent des Carmélites de la rue d’Enfer, où j’accompagne Mme la Duchesse. Mme la Duchesse, à qui j’ai fait part de mon désir, m’a dit qu’il fallait apporter une dot de cinq mille livres.

— Comment ! fit M. le Duc, en pouffant de rire et prenant la gorge qu’il convoitait, comment, j’aurais l’honneur de faire Dieu cocu ?… Va, fiancée du Christ, va, sainte Raton, je te donne tes cent pistoles et je souscris au reste des conditions… Ah ! foutre !…

Sur ce mot impétueux, M. le Duc avait renversé Raton. Il en tira deux fois son plaisir en y mêlant beaucoup de plaintes. Du haut du baldaquin, les anges, redevenus des Amours profanes, contemplaient le double adultère multiplié dans une infinité de glaces, de miroirs, de pendeloques de cristal. Ils dansaient, ils voletaient, ils agitaient leurs arcs et leurs brandons, car les mouvements de M. le Duc leur communiquaient quelque fureur. Pourtant, Raton, muette et blanche comme une morte, s’abîmait dans le Divin Maître. Elle lui offrait son dégoût et la douleur de son déchirement.

— Tu es froide et passive, mon enfant, dit enfin M. le Duc, non sans avoir essayé d’animer Raton par ses caresses. Je crains fort qu’il n’en soit toujours de même dans tes ébats charnels. Mais, voici, ajouta-t-il,