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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/86

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sa main pour s’en frapper l’autre, morbleu ! pucelle et déjà putain ?… Mais dis-moi, ma fille, malgré ton pucelage, prendrais-tu ma maison pour un…

— Monsieur le Duc, interrompit Raton, se mettant sur son séant afin de recouvrir ses jambes, j’ai dit que j’étais une honnête fille, et Monsieur le Duc l’a bien vu. Si je me prête au goût de Monsieur le Duc contre salaire, c’est que je n’ai pas d’autre moyen de commencer ma dot…

Raton parlait les yeux baissés, mais avec assurance. Sa rougeur avait disparu pour faire place à la pâleur du marbre.

— Ah ! ah ! fit M. le Duc qui recouvrait du coup sa bonne humeur et attirait Raton contre lui, cela devient du dernier piquant ! Tu t’es donc choisi un fiancé ?

— Non, Monsieur le Duc…

— Alors, c’est de la prévoyance ?… Que dis-je ? de la cupidité ! Cela n’est plus drôle, mon enfant. Je le regrette vivement. À condition que je devinasse son impatience, j’aurais aimé avantager l’honnête homme que j’eusse privé des prémices sur lesquelles il est doux de compter. Mais si ton Jean est encore à venir…

— Monsieur le Duc, dit Raton qui sentait se desserrer l’étreinte de son maître, à dire le vrai, je voudrais entrer en religion.