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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/92

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une charrette le lit de Mme la Duchesse, et semblait, dans son plaisir, vitupérer des chevaux.

— Voilà ! fit-il, aussi rouge que M. le Duc était jaune. Qu’on m’casse les batoches si je n’rive pas l’bis sur la gratouse aussi ch’nument que l’Daron !… C’est pas tout ça ! ajouta Poitou dans une langue intentionnellement moins secrète et en ramassant la bourse de M. le Duc qui avait glissé sur le tapis. Part à deux, ma p’tite Raton !… J’avons aussi une dot à former pour entrer chez les Pères Capucins. C’est comme j’ai l’honneur… Pour ce que ça te coûte…

— Arrêtez, Monsieur Poitou ! C’est indigne ! cria Raton qui bondit du lit malgré sa lassitude et tenta d’arracher la bourse à des mains qui en vérifiaient le contenu.

— Indigne ! Mademoiselle !… Voyez-vous ça, indigne !… Ça se fait bricoler pour cent pistoles dans le propre piau de sa maîtresse, et ça vous parle d’indignité !… Prends toujours ça pour ta vertu, fit Poitou en lui donnant un soufflet qui la renversa sur le lit. Je suis encore bien bon de te laisser cinquante pistoles, ce qui fait plus que le compte avec ce que je viens de te bailler.

La pauvre Raton, jetée en travers du lit, ne put se retenir de sangloter.

— Faut pas verver, reprit Poitou, qui prit place à