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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/93

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côté de Raton et se tourna les pouces avec une tranquille assurance. Les mornifles entretiennent l’amitié. On se rendra bientôt à l’évidence : il faut un Poitou. Poitou s’explique : M. le Duc ne s’amusera pas longtemps de ton histoire de Carmel, et tu ne sauras pas le retenir. Tu es un peu neuve, ma fille !… Mais, qui t’enseignera les cautèles, les tours, les simagrées, les caresses, le simulacre des défaillances et des remords ? Poitou. Qui connaît les habitudes, les manies, les goûts, les vices, le caractère de son maître ; qui sait que tel jour il faut être comme ci, et tel autre comme ça ? Poitou. Car Poitou est au courant de toutes choses. Pour lui rien de caché. On fait un pas, il suit derrière. Et qui connaît les amis de M. le Duc, leur passé, leur présent, leurs débauches, leurs moyens ? Poitou. Cependant, mon p’tit rat, ton Carmel ne vaut rien, te dis-je. C’est bier sur l’anticle, et ça ne rend plus. Si tu ne m’avais repoussé le premier jour, tu aurais pu dire à M. le Duc que tu étais fiancée à Poitou. Nous arrangerons cela. Que ne ferait-on pas pour Poitou, qui a servi le père, qui a sauvé le fils et le dorlote comme une nourrice ? « Monsieur le Duc est plus jaune qu’à l’ordinaire, ce matin. C’est que Monsieur le Duc a repris des truffes hier soir. Monsieur le Duc fera bien de ne pas mettre son habit bleu-barbeau : ça n’irait pas à sa mine. Ou bien : Monsieur le Duc a encore fait des