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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/144

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ESSAI SUR L’ASTRONOMIE.

Il confondit leur place, il changea leurs emplois.
Le soleil, indigné de perdre tous ses droits,
Descendit de son trône, et, soumis à la terre,
Au lieu d’être son roi devint son tributaire.
 Cette Muse au front calme, au regard sérieux,
Qui tient un globe d’or et mesure les cieux,
À ses frivoles sœurs quelquefois est semblable :
Sous un air de sagesse elle aime aussi la fable ;
Et la fable a des deux peuplé les régions.
 Ô mère des beaux vers, des douces fictions,
Ô Grèce, ne viens plus de ton docte Lycée
Rappeler la splendeur dès longtemps éclipsée !
Je sais que de ton nom les voyageurs épris,
Sur les pas de Choiseul, ont cherché tes débris ;
Que ton goût instruisit le ciseau, la palette ;
Qu’Homère anime encor les accents du poète,
Qu’il est le dieu des arts, mais tes sages vantés,
Dans Paris ou dans Londre aujourd’hui transportés,
Rougiraient des erreurs qu’enfantaient leurs écoles.
Les deux, déshonorés par tes rêves frivoles,
Oublièrent Thalès, Démocrite, Platon ;
Mais ils me nomment tous Descartes et Newton.
Aux bois d’Académus, si fameux dans Athène,
L’imagination trop souvent se promène ;
Sous le portique même elle vient folâtrer.
C’est à Gnide, à Délos, qu’on la veut rencontrer :
On ne la cherche point dans l’asile des sages.
 Qu’Ovide, en prodiguant l’esprit et les images,
Dieu du jour, avec toi fasse errer dans les airs
Les Mois, tes douze fils, aux visages divers ;