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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/145

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ŒUVRES DE FONTANES

Qu’il monte, qu’il pénètre en ta cour immortelle ;
Qu’il t’élève, en des vers éblouissants comme elle,
Un palais que Vulcain enrichit à grands frais,
Comme si l’univers n’était pas ton palais[1] !
Ovide en a le droit : volez dans la carrière,
Coursiers dont les naseaux nous soufflent la lumière,
Et qu’en réglant vos pas, les Heures tour à tour,
Sœurs d’un âge pareil, nous mesurent le jour !
J’applaudis ces tableaux : ils sont faits pour séduire ;
Un poète doit plaire, un savant doit instruire.
Et qu’ai-je appris des Grecs, de ces peuples menteurs ?
Bien peu de vérités, d’innombrables erreurs.
Ils croyaient ces grands corps, suspendus dans le vide,
Des points d’or attachés à leur voûte solide.
Leur soleil fatigué descendait dans les mers.
 Rome, sans l’éclairer, soumettant l’univers,
Reçut les lois, les arts, les erreurs de la Grèce.
Quel système insensé nous a transmis Lucrèce !
J’aime ses grands tableaux, ses pensers vigoureux :
Soit que, réunissant sous un emblème heureux
Au pouvoir qui détruit le pouvoir qui féconde,
Entre Mars et Vénus il partage le monde[2] ;
Soit que du genre humain il peigne le berceau,
Qu’il brise de l’Amour les traits et le flambeau,

  1. Voyez le début du second livre des Métamorphoses :
    Regia Soliserat sublimibus alta columnis,
    Clara micanto auro, etc.
  2. Voyez l’invocation à Vénus, dans le premier livre de Lucrèce.