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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/334

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LA MAISON RUSTIQUE.


 Mondor parle, à sa voix chaque artiste s’empresse,
À leurs talents rivaux il donne un libre essor ;
On commence, on détruit, on recommence encor.
Robert a composé des sites d’Italie.
Morel, dans une ferme avec goût embellie,
Prétend du siècle d’or retracer les tableaux ;
Le chaume est sans pasteurs, le bercail sans troupeaux,
Les pressoirs sans raisins, les ruches sans abeilles.
Bérenger plus hardi promet d’autres merveilles ;
Il a conçu le plan d’un énorme rocher,
Et déjà dans les airs il le voit se cacher ;
Déjà, des vieux sapins qui croissent sur sa tête,
On entend les rameaux frémir sous la tempête ;
Et, dans l’ombrage épais, les Fingals, les Oscars
Apparaissent de loin au milieu des brouillards.
Plus l’effet sera grand, moins la tâche est facile ;
La plaine d’alentour n’est qu’un sable stérile.
Rien ne coûte à Mondor, et vers Fontainebleau
Ces rocs, où croit à peine un aride bouleau,
Tombent sous mille bras empressés de lui plaire ;
Il hâte le travail, il double le salaire ;
Ces monstrueux débris, dans son parc sont trainés,
En forme de montagne on les a façonnés,
Et le pâtre voisin rit d’un goût si bizarre.

 Plus loin, d’un frais ruisseau la rive se prépare,
Et des plus durs ciments on revêt le contour
Du lit, où sur la pierre il doit couler un jour.
Que dis-je ? tout est prêt, et, noire de fumée,
La pompe de Vulcain, par son souffle animée,